Dans le cimetière du Grand-Jas, on trouve
trois sépultures concernant la famille Riddett

Allée 07D02
Avis Muriel Grace
 
Clément Philip Heyward
 
Allée 15D52
Philip Thomas
Allée 23D10
Léonard Charles

Philip Thomas RIDDETT époux de Avise Ellen Maude SQUIBB
Hôte de Cannes (agent d'affaires, banquier)



né en 1846, Angleterre
Décédé en 1901, Cannes

 

Hier matin, à 10 heures précises, ont eu lieu les obsèques de M. Riddett, vice-consul des Etats-Unis d'Amérique, à Cannes.
Le service funèbre a été célébré à St-Paul Church, sur le boulevard du Cannet. Immédiatement après les deux bancs réservés à la famille, venaient MM. les Consuls, parmi lesquels nous avons remarqué M. Bernard, vice-consul des Pays-Bas, doyen du corps consulaire ; M. H. G. Bon, consul de Grèce ; M. Taylor, vice-consul d'Angleterre ; M. A. L. Cognet, vice-consul d'Italie; M. J. B. Cognet, vice-consul de Suède et Norvège ;M. Marrauld, vice-consul de Danemark; M. Hibert, maire de Cannes et ses deux adjoints, MM. Capron et Raymond, venaient immédiatement après le Corps consulaire. Le Tribunal de Commerce assistait à ces funérailles à son rang protocolaire.

Après la cérémonie religieuse, le char funèbre, disparaissant sous les couronnesde fleurs fraiches, s'est dirigé vers le cimetière du Grand-Jas, suivi par un nombreux cortège d'amis du défunt, appartenant à la colonie étrangère et à la population cannoise. Au cimetière, M. le docteur Bernard, doyen du corps consulaire a prononcé le discours suivant :

Avant que, pour jamais, la pierre du sépulcre retombe sur tout ce qui nous reste de lui, j'ai en ma qualité de doyen du corps consulaire de Cannes, le douloureux devoir de dire un dernier adieu à celui qui, pendant de trop coutes, fut l'un de nos collègues les plus aimés, les plus estimés, les plus dignes de l'être.

Né en Angleterre, M. Philippe Riddett vint, en 1882, se fixer à Cannes qui devint sa seconde patrie et que, à part des visites faites à la patrie maternelle toujours chère à son coeur, il ne devait plus quitter qu'à de rares intervalles. Elevé dans les affaires pour lesquelles il avait une vocation toute particulière et une intelligence supérieure, il fut successivement l'associé et le collaborateur actif de nos deux principales maisons de banque , mais c'est surtout comme vice-consul que nous avons personnellement pu le connaître et l'apprécier.

En 1895, en effet, il fut nommé agent consulaire d'une grand nation amie, il devint le représentant à Cannes de cette République américaine toujours si sympathique à la France à laquelle la rattachent les plus glorieux souvenirs de son histoire. Et, dans les fonctions officielles de cette charge comme dans tous ses rapports sociaux, l'aménité et le charme de son caractère, la sûreté de ses relations, la solidité de ses amitiés, l'honneur et l'intégrité qui furent toujours les guides de sa conduite lui concilièrent l'estime et l'attachement de tous ceux qui, comme nous, eurent le plaisir de l'approcher.

Anglais par sa naissance, américain par ses fonctions et français par le coeur, Riddett était aussi devenu un véritable cannois, un citoyen de cette ville qu'il avait adoptée, qui, de son côté l'avait comme un de ses enfants, adopté elle-même, et dans laquelle ses qualités personnelles l'avaient placé au premier rang. Rien de ce qui pouvait intéresser sa prospérité, son avenir, ne lui était indifférent, ne lui demeurait étranger, et, comme le corps consulaire de Cannes, comme sa colonie américaine, comme sa société cosmopolite dans laquelle il avait su de créer les plus hautes relations, sa population elle-même fait en lui une perte difficilement réparable - Chrétien fervent et convaicu, Riddett fut en même temps un philanthrope plein de zèle, et sa charité éclectique se dépensait également dans toutes nos bonnes oeuvres, anglaises ou françaises, protestantes ou catholiques. Malgré le dévouement et malgré tous les soins de l'un de nos plus savants confrères étrangers, la mort l'a fauché à l'âge où il pouvait espérer encore d'assez longues années de vie et de travail et il ne reste plus de lui, sur cette terre où, tous, nous ne sommes que de passage, qu'une épouse inconsolable et que des enfants désolés auxquels nous adressons toute notre condoléance, espérant que l'expression de notre vive sympathie adoucira peut-être, au moins pour un instant, l'amertume de leur douleur. - Adieu donc, cher mami et regretté collègue, si votre être a disparu, si votre âme est absente, votre souvenir nous demeure et bien longtemps, il restera dans notre coeur.

Littoral 14 février 1901